La Revue Africaine de Communication (RAC) est un cadre d’échanges et de dialogue interdisciplinaires sur les sciences et les technologies de l’information et de la communication, mais aussi sur l’analyse du discours, du droit, de l’éthique et de la déontologie des médias. Elle souhaite contribuer, le plus largement possible, au développement des études et des pratiques portant sur les sciences et les technologies de l’information et de la communication, articulées à d’autres champs disciplinaires tels que les sciences politiques, l’économie, la géopolitique, l’éducation, la sociologie, l’anthropologie, la linguistique, le management, le marketing, la culture, etc.
Le numéro 4/2021 de la Nouvelle Série est consacré aux enjeux, aux stratégies et à la déconstruction de la désinformation. En effet, la crise sanitaire engendrée par la pandémie du COVID 19 s’est doublée d’une crise économique et sociale à l’échelle mondiale, remettant au goût du jour le débat sur la désinformation. Cette forme de manipulation de l’information, à la fois stratégique et technique, est motivée par des enjeux qui appellent une déconstruction, voire une réorientation et une régulation rigoureuse du secteur des médias, surtout des réseaux sociaux.
Les articles réunis dans le numéro actuel sont redistribués dans deux parties : le dossier thématique sur la désinformation, qui rassemble six articles, et la partie Varia, qui en regroupe trois. Cinq auteurs analysent la communication et la gestion de l’information en rapport avec la crise sanitaire créée par le Covid-19. En prenant le cas du Togo, Namoin Yao-Baglo s’intéresse à la communication gouvernementale, en rapport avec le coronavirus, dans la perspective d’une approche communicationnelle des organisations (ACO).
Dans un contexte de crise sanitaire mondiale, la gestion de l’information scientifique prend une importance capitale face au risque de désinformation que représentent les réseaux sociaux. De plus, elle situe la question à un double niveau de responsabilité éthique, celle de l’homme de science, et déontologique, celle du professionnel des médias. Cependant, les réseaux sociaux rendent complexe cette exigence éthique et scientifique (Mahamoudou Konaté). Quant à Sylvestre Kouassi Kouakou, il analyse les pratiques informationnelles des étudiants sénégalais sur WhatsApp, en semi-confinement, pour cerner leurs motivations à utiliser les plateformes numériques d’interactions sociales, d’une part, l’importance que celles-ci prennent sur les médias classiques, d’autre part.
En outre, l’analyse des réseaux sociaux adopte la démarche de détection des théories conspirationnistes dans le cas spécifique de la pandémie de Covid-19 en Afrique (Djibril Diakhaté, Moustapha Mbengue & Moussa Samba). Contrastant avec la communication officielle, la désinformation relève parfois des rumeurs dont le principe de fonctionnement est étudié par Hamidou Belem qui cherche à en déceler les auteurs, les canaux de propagation, les stratégies argumentatives ainsi que leur incidence sur la gestion de la crise sanitaire produite par le Covid-19 au Burkina Faso.
L’analyse de la désinformation prend aussi une dimension philosophique avec Barthélémy Toumgbin Della, qui voit dans les réseaux sociaux une nouvelle caverne de Platon, qui permet de lire autrement la crise identitaire de l’homme.
Dans la partie Varia, Marième Pollèle Ndiaye questionne l’objet «eau» pour montrer le défi épistémologique que représente son analyse au prisme des sciences de l’information et de la communication, car celle-ci met en exergue le caractère impérieux de la promotion des changements de comportements dans le traitement de l’information environnementale et dans la gestion du liquide vital. En prenant toujours comme objet la nature, Onésime Ndayizeye, Melchior Ntahonkiriye et Mamadou Ndiaye se penchent sur les facteurs qui entravent la couverture médiatique des questions agricoles au Burundi. Enfin, l’impact de la lutte contre l’usage des sachets plastiques par les populations ivoiriennes, dans sa dimension communicationnelle, est analysé par Kouadio Joël-Henri Gilles Aloko-N’guessan.
Professeur Alioune Dieng